Le lagopède est menacé par la disparition de son habitat en Europe.
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Balbuzard890 J'adore les oiseaux
Date d'inscription : 09/08/2019
Sujet: Le lagopède est menacé par la disparition de son habitat en Europe. 16/2/2024, 11:14
Bonjour !
Juillet 2023
Le lagopède est menacé par la disparition de son habitat en Europe.
Le lagopède alpin est l'un des oiseaux les plus menacés de Europe. C’est une espèce adaptée au froid rendue vulnérable par le réchauffement climatique et par la neige qui disparaît d'année en année. À 2 500 mètres d'altitude sur le plateau de Bure situé dans les Alpes françaises, Claire Anceau technicienne de la faune française (OBF) est partis avec une équipe sur les traces de la perdrix des neiges. « En période de reproduction, il y a à peu près 20-24 oiseaux sur le plateau de Bure. On a dix oiseaux équipés de balises GPS », indique Claire Anceau. Seules sept poules peuvent potentiellement couver un nid. Ce plateau est un écosystème particulier qui abrite le lagopède alpin, une espèce arctique qui vit en haute altitude et qui change de couleur en hiver. Grâce au récepteur, Claire peut savoir la position des oiseaux, s’ils sont en mouvement ou immobiles. « Ça nous permet aussi de connaître les refuges climatiques, savoir où est-ce qu'ils vont se mettre quand il fait très chaud, par exemple, pour supporter la chaleur à laquelle ils ne sont pas du tout adaptés. On va essayer d'aller voir si on voit au moins un mâle ». Au sein de l’OBF (Office Français de la Biodiversité), le rôle de Claire est de rechercher et d’essayer de comprendre comment les populations animales végétales sont affectées par certains facteurs. Il convient ensuite de donner des préconisations aux politiques publiques pour essayer de préserver les différentes espèces ou les différents milieux qu'elle étudie.
Le premier risque pour cette espèce est le réchauffement climatique. L’hiver, l’oiseau mue, ce qui lui permet de devenir blanc comme la neige. « Ils ont un double duvet qui leur permet de résister à des températures très, très basses et à se fondre dans le paysage. Ils sont vraiment adaptés au froid et aux températures glaciales ». Mais comme les étés sont de plus en plus chauds, ces oiseaux sont de plus en plus en souffrance. « Si l'oiseau mue et que la neige ne tombe pas, ou tombe beaucoup plus tardivement, les oiseaux, ils sont très visibles sur les pierres parce qu'ils deviennent tout blancs, comme la neige, sauf que sur les pierres grises, ils se voient très bien. Les adultes sont très souvent prédatés par des oiseaux rapaces. Quand c'était enneigé beaucoup plus bas et qu'il faisait froid, leur aire de répartition était beaucoup basse. Et là, ils montent en altitude et sur le plateau du Dévoluy,situé plus à l’ouest, là ce qui est très particulier, c'est qu'on arrive à 2 500 mètres d'altitude, mais après, on ne peut pas monter plus haut, on est coincé. Donc si on n'a plus de neige, on n'a plus ces populations d'oiseaux là et on n'a plus toute cette végétation et tout cet écosystème arctique, puisqu’il ne peut plus se décaler vers le haut » ajoute Claire.
Le deuxième grand facteur de danger est la présence de plus en plus importante de l’homme sur les plateaux. Des randonneurs qui passent près d’une perdrix des neiges vont avoir pour conséquence de lever l’oiseau, qui abandonnera son nid. « L’année dernière, on avait une femelle qui nichait là, juste à côté du sentier, et la femelle, elle était là, posée sur son nid. Et elle a été dérangée plusieurs fois en journée. Donc on suppose par des chiens, parce que tout ce qui est renards, etc., c'est rarement en journée, c'est plus la nuit. Elle a abandonné son nid et la femelle, elle est morte un mois après. Elle avait beaucoup de parasites dans les intestins, qui montrent un gros stress. Cet oiseau est menacé par plein de facteurs qui s'entremêlent. En plus du dérèglement climatique vient s'ajouter la présence vient s'ajouter la présence de plus en plus importante de l'homme, les aménagements de plus en plus importants des hommes qui détruisent les milieux de vie de ces oiseaux ».
Pour lutter contre leur extinction, des personnes comme Claire étudient cette espèce et son milieu de vie. Les stagiaires de l’Office Français de la Biodiversité participent également à cette protection. « Ils vont observer les randonneurs et noter leur présence sur le plateau, sur une carte. Et pendant ce temps, on a deux autres personnes qui vont poser un questionnaire aux gens pour essayer de comprendre comment ils utilisent le plateau, quelle est la réglementation qu'ils seraient prêts à accepter sur un tel écosystème pour préserver le vivant. C’est bien et très important qu’il y est des personnes mais il faut qu'ils se rapprochent en ayant conscience qu'il y a de la vie et du vivant partout autour d'eux ».
Novembre 2023
Ville de Sempach en Suisse.
Le lagopède alpin (lagopus muta), ou perdrix des neiges, est particulièrement vulnérable aux effets dus au changement climatique en Europe. Ses effectifs reculent avec le rapetissement de son habitat. De nouvelles pressions liées au tourisme en Suisse aggravent la situation. Pour que la perdrix des neiges puisse se maintenir, il faut conserver les habitats variés qui restent et soustraire les sites prioritaires et les habitats futurs des infrastructures de sports d’hiver. Autrement, elle risque à terme de disparaître des Alpes, s'inquiète la station ornithologique de Sempach en Suisse.
Le lagopède alpin a besoin d’un territoire à végétation basse et peu dense avec une grande diversité de cailloux et de formations rocheuses. Les milieux comportant des pistes de ski, des arbres, une végétation plus dense ou même de la forêt à proximité sont rarement colonisés. Avec la limite de la forêt qui remonte en même temps que les températures, l’habitat approprié disponible se réduit. Investir ces rares espaces pour le développement des sports de neige en plus haute altitude serait dramatique, alerte la station ornithologique, sans parler des dérangements liés à la présence humaine en été comme en hiver en hautes montagne.
Diminution de plus d'un tiers de la population
Un habitat moindre à disposition couplé avec le recul des effectifs implique que les populations s’isolent les unes des autres, la voie idéale pour une extinction. Et en effet, depuis le milieu des années 1990, la population a diminué d’environ un tiers. Les perspectives à long terme pour le lagopède alpin sont mauvaises. Or en Europe, dans les Alpes, la Suisse porte une grande responsabilité pour cette espèce. Elle abrite en effet 40% des effectifs de la population de lagopède alpins.
Selon toutes les prévisions, le lagopède alpin va beaucoup souffrir du changement climatique et son aire de répartition va se rétrécir. Les questions se posent donc de savoir si le lagopède alpin se rencontre déjà à des altitudes plus élevées que par le passé, si ses effectifs sont déjà en déclin, et s’il recherche en été des sites au microclimat plus frais.
Le lagopède est très bien adapté au climat froid de la zone alpine. Durant les journées chaudes, les lagopèdes alpins halètent souvent à l'ombre ou s'allongent sur le sable humide ou même dans l'eau courante. Par conséquent, on peut se demander si le lagopède n’est pas l'un des rares oiseaux directement dépendant de la température ambiante et qui évite les endroits chauds. Ceci validerait les prévisions annonçant une réduction de son aire de répartition du fait du réchauffement climatique.
Dans une première étude scientifique, on a examiné les sites d'observation des lagopèdes alpins en Suisse pour voir si leur altitude s’était élevée entre 1984 et 2012. Dans une seconde étude, le microclimat des sites occupés par des lagopèdes alpins suivis par télémétrie a été étudié pendant l'été en Haute-Savoie. Il s'agissait de montrer si les sites estivaux de repos du lagopède alpin des jours frais et ceux des jours chauds se distinguent par leur microclimat (température, vent, rayonnement solaire), et s'il existe des différences entre le microclimat des sites de repos et de celui des zones de contrôle adjacentes. Une troisième étude a analysé les recensements conduits sur 40 sites, organisés par le bureau d'écologie KBP à Berne avec l'accompagnement scientifique de la station ornithologique de Sempach, sur mandat de l’OFEV (Office Fédéral de l’Environnement) ; dans le canton Des-Grisons, les comptages ont été effectués par le SCPF (Service de la Chasse et de la Pêche et de la Faune).
L'étude contribue à déterminer si et dans quelle mesure le lagopède alpin recule, où se trouvent les sites de repli appropriés pour l’espèce si le réchauffement climatique s’accentue, sites qui entreraient dès lors en ligne de compte pour des zones de tranquillité ou des réserves.
Le déplacement de l’aire du lagopède alpin vers des altitudes plus élevées au cours des 29 dernières années (1984 à 2012) est différent selon les régions. Dans les Alpes suisses orientales et méridionales, on a observé l’espèce à des altitudes de plus en plus élevées, avec une augmentation de 6,4 à 9,4 mètres par an sur 3 décennies. On ne peut pas expliquer ce résultat par la météo. Dans le nord des Alpes, le changement d’altitude est minime (1,5 à 3,2 m par an), et il est à peine perceptible dans les Alpes occidentales. Le déplacement dans les Alpes orientales et méridionales est l’un des plus rapides que l’on connaisse pour les Alpes, plantes et animaux confondus, et pourrait être lié à l’élévation de la limite des arbres et du reboisement aux altitudes supérieures. Cette montée de l’espèce a pour corollaire que l’aire de répartition de cette sous-espèce de lagopède propre aux Alpes se réduit.
En été et par beau temps, les lagopèdes alpins recherchent de préférence un endroit abrité du vent et ombragé. Le taux global de croissance de la population pour toutes les zones de recensement (mesuré d’après le nombre de coqs territoriaux) sur 18 ans de recherche est négatif (- 13 %), mais varie fortement selon les régions (de - 50 % à + 6 %) et les zones de recensements. Certaines de ces dernières ont vu leurs effectifs baisser fortement, tandis qu'ils ont plutôt augmenté dans d'autres. On ne peut quasiment pas déceler de simultanéité dans les taux de croissance de la population des zones de recensement, que ce soit en considérant l'ensemble de ces zones ou celles à l’intérieur d’une même région. Nous n'avons pas trouvé de facteur écologique expliquant la variation des taux de croissance, à l'exception d’un effet curviligne de la température moyenne de juillet. Il semble donc que l'impact de plusieurs facteurs écologiques sur l’évolution des populations soit d'importance variable au niveau local. L'élévation de la limite des arbres, des conditions météorologiques défavorables et, localement, peut-être aussi l’augmentation des activités touristiques estivales et hivernales ainsi qu’une pratique de la chasse non durable en sont des exemples.
Le recul du lagopède alpin observé en Suisse, couplé à la réduction prévue de son aire de répartition sous l’effet du réchauffement climatique, est préoccupant. Une meilleure compréhension des causes de ce recul, permettant ensuite l’élaboration de différentes stratégies de gestion pour conserver le lagopède alpin en Suisse est par conséquent indispensable.
Au Canada
Les lagopèdes, appelés aussi « poule des neiges , perdrix des neiges, ptarmigan, attagas, ou en langue innue « uapinou ». Son nom scientifique est construit à partir d'une racine grecque (lagos pour lièvre) et d'une racine latine (pedis pour pied), peut se traduire en « patte de lièvre ». C'est ce qu'évoque l'aspect de ses pattes, couvertes de fines plumes pour se déplacer sur la neige poudreuse. L'une des particularités notables du lagopède est qu'il change de couleur (cryptique) l’hiver venu, à l'instar du lièvre arctique : il devient blanc pendant la saison froide, pouvant ainsi se camoufler et échapper aux différents prédateurs qui l'entourent. Au printemps et aux autres moments de l'année à part l'hiver, son plumage demeure d'une couleur brune. Ce sont des oiseaux grégaires en hiver, les lagopèdes redeviennes territoriaux lors de la période de reproduction. Dans ses habitats arctiques, l'espèce est exposée à relativement peu de menaces anthropiques. Elle est fortement chassée par les Inuits, ce qui conduit souvent à sa disparition aux alentours immédiats des communautés.Toutefois, les populations sont résiliantes à cette pression de la chasse sur des zones géographiques plus vastes.
Au Canada, il y a trois espèces de lagopèdes : le lagopède des saules (lagopus lagopus), le lagopède alpin (lagopus muta) et le lagopède à queue blanche (lagopus leucura). Ils ont tous le status de « Précaution Mineure » selon l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Au Québec, seule deux espèces sont présentes : le lagopède des saules et le lagopède alpin. Ce sont des oiseaux appartenant à la famille des gallinacés (poules-dindes-cailles-pintades) et à la sous-famille des tétraoninés (faisans-tétras-gélinottes).
Les seules différence entre le lagopède alpin (lagopus muta) et le lagopède des saules (lagopus lagopus) est qu’en été, le mâle du lagopède alpin se distingue de celui du lagopède des saules par son plumage grisâtre plus terne, et en hiver par son bandeau distinctif couvrant l’œil. La femelle du lagopède alpin à un bec légèrement plus petit. Les deux espèces ont des préférences d’habitat différentes lors de leur période de reproduction. Le lagopède alpin préfère un habitat plus sec, rocailleux et plus dénudé, alors que le lagopède des saules choisit un habitat plus humide et plus broussailleux.