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12 mai 2024
Nouvelle étude sur la colonie de goéland à bec cerclé de l’île Deslauriers
L’érosion des berges et une plante envahissante menacent une île unique qui héberge la plus grosse colonie de goélands à bec cerclé du fleuve St-Laurent et qui est devenue un lieu de recherche scientifique prisé.
Pas toujours apprécié de la population parce qu’il est gourmand et chapardeur jusque dans les stationnements des
McDonald’s, le goéland à bec cerclé (
larus delawarensis) est une excellente espèce pour étudier les divers polluants issues des dépotoirs. Selon les scientifiques, le fait de respirer les émanations auraient plus d’effet que l’ingestion d’aliments contaminés par le système digestif des oiseaux.
L’île Deslauriers est située au large de la municipalité de Varennes, à 1,5 km en aval de l’île Ste-Thérèse au fleuve St-Laurent et c’est un paradis de nidification pour cette espèces de
laridé étudié sur place depuis 35 ans. Mais le nombre d’oiseaux de cette colonie est en chute libre depuis deux décennies, ce que les experts ne s’expliquent pas. Une équipe de journalistes du Journal de Montréal a accompagné un groupe de chercheurs sur place.
Les restes de table au menuJadis confiné aux rivages de la côte Est du Canada et des États-Unis, le goéland à bec cerclé s’est adapté à merveille aux restes de tables des zones urbaines, jetés dans les ordures et aujourd’hui dans le compost. «
On compte trois grands dépotoirs autour de l’île, qui constituent des banquets à ciel ouvert pour cette espèce omnivore et opportuniste », explique le biologiste Jonathan Verreault.
Des oiseaux sentinellesSi les chercheurs s’intéressent au goéland à bec cerclé, c’est qu’il est une excellente espèce dite «
sentinelle », qui, comme le canari dans la mine, nous apprend quels effets la pollution peut provoquer sur le cerveau. C’est une espèce indicatrice des changements d’un écosystème. Peu farouche, résistant et de bonne taille, on peut le re-capturer en lui mettant divers dispositifs (
GPS) sur le dos. Durant la nidification, son instinct lui dicte de revenir au nid. Ce qui favorise son suivi par les scientifiques.
Érosion fluvial et roseau commun«
Les gros bateaux qui transitent sur la voie maritime du St-Laurent créent d’immenses vagues qui emportent chaque année des pans de terrain de plusieurs des îles situées trop près de cette voie maritime. Dès les années 2010, on s’inquiétait de la diminution de la surface de l’île Deslauriers qui mesure moins d’un kilomètre carré. Elle aurait perdu le tiers de sa superficie en une seule décennie. L’île rapetisse rapidement à cause de l’érosion fluvial, et en plus, l’envahissement du sol par le roseau commun (phragmites australis), occupe de plus en plus de place, un environnement ou le goéland à bec cerclé ne niche pas », précise Jean-François Rail, du SCF (
Service Canadien de la Faune) pour
Environnment-Canada qui note les fluctuations démographiques depuis 35 ans.
Jadis confiné aux rivages de la côte est du Canada et des États-Unis, le goéland à bec cerclé s’est adapté à merveille aux restes de tables des zones urbaines, jetés dans les ordures et aujourd’hui dans le compost. «
On compte trois grands dépotoirs autour de l’île, qui constituent des banquets à ciel ouvert pour cette espèce omnivore et opportuniste », explique le biologiste Jonathan Verreault de l’UQAM (
Université du Québec à Montréal), qui étudie depuis 2009 la colonie de goélands à bec cerclés. Chaque année, ce professeur et chercheur obtient les permis nécessaires aux interventions des différentes équipes qui se succèdent de la ponte des œufs à l’éclosion, entre le mois d’avril à mai.
Jadis, c’étais la plus grande colonie du Canada et possiblement au mondeL’an dernier, il ne restait que 17 644 couples nicheurs à l’île Deslauriers. C’est trois fois moins que 20 ans plus tôt, alors qu’on avait recensé 50 810 couples, donc plus de 100 000 individus, rapporte Environnement-Canada. À son apogée, la colonie de l’île Deslauriers représentait 5% de tous les individus de cette espèce dans le monde, selon le site ornithologique du ZICO (IBA-Canada -
Important Bird Areas-Canada). La colonie de goéland à bec cerclé était alors la plus importante au Canada, et possiblement au monde, selon les données ornithologiques disponibles.
Le nombre a chuté depuis 20 ans pour des raisons que les experts ne peuvent pas expliquer entièrement. «Il ne s’agit pas nécessairement de mortalité. Peut-être que certains oiseaux ont choisi d’autres endroits de reproduction», évoque le professeur Verreault. Le phragmite, une plante envahissante qui rend la nidification difficile, a également colonisé une bonne partie de l'île.
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