Bonjour !
9 novembre 2023
La forêt Fairview menacé par le développement urbain
Une îlot de forêt est menacé par le développement immobilier sur un terrain boisé 17,5 hectares il est situé au nord de la ville de Pointe-Claire, tout près de l’A-40. La compagnie immobilière Cadilac-Fairview, propriétaire du terrain, qui est l’une des filiales du bras immobilier de l’OTPP (
Ontario Teachers Pension Plan), qui est le deuxième plus grand gestionnaire de fonds au Canada après celui de la CDPQ (
Caisse de Dépôt et de Placement du Québec). Le groupe de pression environnemental «
Sauvons la forêt Fairview » de la municipalité de Pointe-Claire qui manifeste depuis 2020 depuis que le propriétaire du terrain est annoncé de mettre à profit un futur développement résidentiel en profitant de la venu d’une station du REM à proximité du terrain boisé. Selon des expertises du groupe Terra-Humana, un organisation de protection environnemental qui a étudier ce boisé «
Cette forêt est une forêt mature qui inclut au moins trois milieux humides. Nous avons identifié plus de 240 espèces de flore et de faune dont 35 sont en péril […] comme le papillon monarque (danaus plexippus), trois oiseaux migrateurs, dont la paruline du Canada (cardellina canadensis) et la grive des bois (hylocichla mustelina), et trois espèces de chauves-souris, toutes en voie d’extinction au Canada », a indiqué la présidente de Terra-Humana-Solution, Isabelle Anne-Buisson, en ajoutant «
Il est fort probable que les biologistes trouvent d’autres espèces en péril dans cette forêt, car ils n’ont pas terminé leurs saisies de données ». La couleuvre brune (
storeria dekayi), une espèce menacée dont l’habitat au Québec et qui se trouve uniquement dans la région de Montréal, a également été observée dans la forêt qui est aussi l’habitat du renard roux (
vulpes vulpes). Les écosystèmes forestiers sont de plus en plus rares à Montréal et la biologiste Isabelle Anne-Buisson a expliqué que «
la forêt Fairview est une relique des écosystèmes naturels autrefois présents dans l’ouest de l’île et qu’entrer dans cette forêt, c’est comme entrer dans un musée ».
«
En milieu urbain, préserver ce type d’espace naturel mature avec un écosystème bien installé est vraiment primordial pour la santé des gens, la biodiversité et la lutte aux changements climatiques », a fait valoir la biologiste. Geneviève Lussier, la porte-parole de
Sauvons la forêt Fairview, ajoute «
qu’elle ne pas comprendre comment, en 2023, on pourrait se permettre encore, de bétonner un endroit comme ça, alors que cette forêt est le dernier espace naturel dans l’un des pires îlots de chaleur de l’île de Montréal ».
Le long de la friche où s'est établie la population de couleuvres brunes, les arbres cèdent la place au gravier où s'érige la station ferroviaire de la station Fairview–Pointe-Claire du
REM (Réseau Express Métropolitain)
, Sur cet autre front, la forêt Fairview subit aussi la pression du développement. Celui de la construction de la gare a amputé à ce jour environ 3,5 hectares à cette forêt et il faut ajouter une autre superficie pour l’aménagement d’un stationnement des voitures. Ce sont des superficie que
Sauvons la forêt Fairview aurait aimé que CDPQ-Infra (
Caisse de dépôt et placement du Québec-Infra), responsable du développement du réseau du REM, compense en rachetant des pans du site boisé de Cadillac-Fairview.
La location du terrain de la forêt Fairview de Pointe-Claire est encercler en rouge sur cette image satellite.
Comme la forêt se trouve dans une zone TOD, (une zone de développement qui concerne l'aménagement de zones résidentielles ou commerciales destinées à favoriser l'usage des transports en commun et le covoiturage), les résidents s'attendent à voir un afflux de population dans le secteur. On s'inquiète que le REM (
CDPQ-Infra) continue d'exproprier le terrain boisé de Cadillac-Fairview pour construire le stationnement de la gare du REM dans la friche.
« Les gens vont s'installer tout autour, ils ont forcément avoir plusieurs automobiles. Ils vont vouloir utiliser le REM, alors il faut bien qu'ils puissent se stationner quelque part », indique Geneviève Lussier. Rappelons que c’est grâce à la loi 137 du gouvernement du Québec à accorder à
CDPQ-Infra, notamment en matière d'expropriations et d'aménagement que les terrains dans une partie de la forêt Fairview ont pu être développer pour la venue du réseau ferroviaire du REM.
Tour à tour, la ville de Pointe-Claire et la CUM (Communauté Métropolitaine de Montréal) ont adopté en 2022 des règlements de RCI (
règlement qui vise à limiter les interventions humaines dans les milieux naturels) qui viennent geler le développement dans la forêt Fairview. Arrivé au pouvoir en novembre 2021, le maire Tim Thomas avait fait campagne en promettant de mettre la forêt Fairview à l'abri des projets du promoteur. Selon le maire de Pointe-Claire, Tim Thomas «
Compte tenu de la vitesse à laquelle le secteur se densifie autour de la forêt, il m'apparaît absurde de chercher à la raser. Ça n'a aucun sens dans un contexte de crise environnementale ». Si le RCI n'est qu'une mesure temporaire qui peut être levée à tout moment, le règlement permet néanmoins à l'administration de gagner du temps. La municipalité en est à réviser son plan d'urbanisme, qui établit les lignes directrices du développement sur son territoire. «
C’est l'occasion d'entendre ce que les citoyens ont à dire à ce sujet, ce qu'ils veulent faire de Pointe-Claire et dans quelle mesure ils veulent une ville verte » indique le maire Thomas. Comme le terrain où se trouve le centre commercial et son stationnement est également soumis au RCI, Cadillac Fairview a décidé en 2022 de porter l'affaire devant les tribunaux. Le litige l'opposant à la Ville de Pointe-Claire n'a pas encore connu son dénouement. Prudent, le maire Thomas évite de se prononcer sur les avenues considérées pour dénouer l'impasse. Face à un conseil municipal dominé par des élus en faveur du développement proposé par Cadillac Fairview, M. Thomas plaide que ses pouvoirs sont limités. À ce stade-ci, la Ville ne considère pas faire une offre d'achat au promoteur, comme le souhaiteraient les citoyens de
Sauvons la forêt Fairview. En vertu des pouvoirs qui lui incombent, la Ville de Pointe-Claire pourrait décider de modifier le zonage du terrain pour interdire la construction de résidences et de commerces. Elle deviendrait toutefois exposée à une poursuite pour expropriation déguisées, à l'instar de nombreuses municipalités du Québec qui se sont retrouver poursuivis par des promoteurs immobiliers. «
Pour l'heure, nous ne savons pas ce que veut faire Cadillac-Fairview. Aucun plan officiel ou définitif précisant ce que [le promoteur] veut construire sur ce terrain n'a été soumis au conseil municipal », assure M. Thomas.
En octobre 2022, MELCCFP (
Ministère québécois de l’Environnement, de la Lutte contre les Changements Climatiques, de la Faune et des Parcs) a émis une autorisation ministérielle à Cadillac-Fairview pour lui permette le remblayage dans deux zones de milieux humides pour éventuellement y faire l’agrandissement d’un centre d’achat et ainsi pour faire la mise en place d’un futur développement domiciliaire. Le numéro de cadastre du terrain mentionné dans l’autorisation ministérielle du ministère de l’environnement correspond à celui de la forêt Fairview. Les groupes de citoyens qui étaient présents devant le bureau du ministre mardi (
24 octobre 2023) soutiennent qu’à la lumière d’une nouvelle étude de Terra-Humana-Solutions, le ministre doit revenir sur cette décision et empêcher le développement immobilier dans cet écosystème forestier.
Campbell Stuart, du Fonds-Héritage pour l’Environnement a indiqué «
On demande au ministre de l’environnement d’annuler l’autorisation consentit à Cadilac-Fairview. On ne peut rester impassible lorsqu’un développeur se fait dérouler le tapis rouge pour détruire notre patrimoine naturel et l’héritage de nos enfants ». Dans un échange avec
La Presse Canadienne, le ministre Benoit Charette responsable au ministère de l’environnement a indiqué «
qu’il allait prendre connaissance de l’étude de Terra-Humana et que le ministère fera un suivi approprié concernant les impacts potentiels sur l’environnement pour les phases subséquentes du projet, ajoutant que la protection de la biodiversité, et particulièrement des espèces menacées et vulnérables, est un incontournable et en 2023, les projets de développement immobilier doivent en tenir compte ».
Malgrés tout, le MELCCFP (
Ministère québécois de l'Environnement, de la Lutte contre les Changements Climatiques, de la Faune et des Parcs) autorise le remblayage de 384 mètres carrés d’une partie des zones de milieux humides dans la forêt Fairview.
Après avoir rejeté une demande de certificat d'autorisation du promoteur en 2018, que le ministère a produit en octobre 2022. Ce document autorisais le remblaiment sur la totalité de l’un des trois milieux humides, soit un petit marécage de 117 km2, ainsi que sur 267 km2 d'un autre marécage arbustif d’érable rouge (
acer rubrum) d’une superficie totale de 6300 km2. Cadillac-Fairview a dû verser près de 76 750 $ pour compenser la destruction de ces milieux, comme l'exige la Loi sur la qualité de l'environnement. En vertu de cette autorisation, le promoteur n'est pas en droit d'effectuer des travaux sur le plus vaste des milieux humides, un marécage de plus de 15 000 km2, dont une partie a été détruite par le REM. Tandis que Cadillac-Fairview juge l'autorisation “
très restrictive”, le regroupement
Sauvons la forêt Fairview s'inquiète de voir le ministère ouvrir la porte à la destruction de milieux humides. Le gouvernement du Québec, rappelle Geneviève Lussier, a pourtant annoncé des investissements de plus de 650 millions de dollars pour la protection des milieux naturels. Ces sommes devraient permettre de soutenir la municipalité de Pointe-Claire dans l'acquisition du terrain de la forêt Fairview, fait valoir la citoyenne. Plutôt que d'assumer la facture à elle seule, la ville de Pointe-Claire doit obtenir l'aide des différents ordres de gouvernement, selon Geneviève Lussier. Pour le moment, les relations entre le promoteur et la population sont au point mort. Les derniers échanges ont eu lieu lors d'une séance publique tenue en 2021 à l'intention des citoyens inquiets. Cadillac-Fairview, qui a inauguré son centre commercial de Pointe-Claire en 1965, la compagnie dit «
qu’elle fais partie de la communauté depuis 60 ans,… on s'attend à ce qu'il le prouve par des actions, elle doit se rendre compte que la communauté se mobilise pour cette forêt, nous en avons besoin » ajoute-t-elle.
Questionné pour savoir si son projet a été revu depuis 2020, Cadillac-Fairview n'a pas donné suite aux demandes d'entrevues de Radio-Canada. Dans un communiqué datant du 25 octobre dernier, le promoteur indique ne détenir aucun permis de construction pour aller de l'avant avec son projet.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien][Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien][Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]