Bonjour ! Annie.
Oui, en fait le vrai problème avec les dindons sauvages comme avec tout les autres animaux sauvages en périphérie des secteurs urbains est le sur-nourrissages de gens bien intentionnés qui ont à cœurs la conservation de la nature mais en fait, nuisent à leurs survies.
Introduction du dindon sauvage en Outaouais au Québec.
Pour en savoir plus sur cette espèce. Voici un long aperçu du document PDF produit par la fédération de la faune du Québec sur la présence du dindon sauvage :
- Les colons Espagnols et les Français appelaient notre gros oiseau « poule d’Inde » (à la suite de Christophe Colomb, on a d’abord associé les Amériques aux Indes) d’où le mot dinde (pour la femelle) et par conséquent, dindon (pour le mâle). En ce qui a trait à l’origine du nom commun anglais du dindon sauvage (wild turkey), l’hypothèse la plus logique suggère que le mot hébreux « tukki », qui signifie également paon, fut appliqué au dindon sauvage (turkey) par les Jésuites, marchands de volaille, qui ont aidé à introduire cet oiseau en Europe.
Certains auteurs de l’époque attribuaient toutefois les origines du mot turkey au cri caractéristique de l’oiseau : « turk, turk ».
Il existe six sous-espèces distinctes de dindons sauvages, dont l’une est malheureusement disparue. Toutes natives de l’Amérique du Nord, elles ont été identifiées selon leur appartenance à des régions différentes et selon de petites variantes au niveau de la morphologie. Le dindon sauvage de l’Est (Meleagris gallopavo silvestris). Le dindon sauvage de Floride (Meleagris gallopavo osceola). Le dindon sauvage de Merriam (Meleagris gallopavo merriami). Le dindon sauvage du Rio Grande (Meleagris gallopavo intermedia). Le dindon sauvage de Gould (Meleagris gallopavo mexicana) et la sixième sous-espèce, aujourd’hui disparue, habitait originellement le sud du Mexique et son nom scientifique était Meleagris gallopavo gallopavo. Cette sous-espèce a été amenée et domestiquée en Europe par les conquistadors espagnols. Elle est donc l’ancêtre du dindon domestique d’aujourd’hui.
Avant la colonisation européenne de l’Amérique du Nord, on retrouvait le dindon sauvage dans 39 États américains, au le sud de l’Ontario, rarissime au sud-ouest du Québec ainsi qu’aux états Mexicains. Les écrits mentionnent que sa population était abondante, mais aucun chiffre précis n’a été avancé. Il faut comprendre qu’à l’époque, il n’y avait pas d’inventaire effectué sur les populations animales, et la transmission de l’information était plutôt primitive. Répartition pré-coloniale du dindon sauvage, en Amérique du Nord. (Selon le site du ministère des Richesses naturelles de l’Ontario et l’Ontario Federation of Anglers and Hunters).
Au 18e siècle, lorsque les nouveaux colons Européens arrivèrent sur la côte Est Atlantique, la situation changea. En effet, au temps de la colonisation, la population américaine croissait rapidement. Pour soutenir cette croissance, le dindon sauvage fut utilisé comme source importante de nourriture. Sa chasse était alors pratiquée à l’année longue et sans limites de prise, ce qui provoqua une importante diminution des populations de dindons sauvages.
La perte de son habitat et une chasse non réglementée couplée parallèlement à des coupes forestières visant à étendre les terres agricoles et à assurer l’approvisionnement en bois de construction, perturbèrent grandement son habitat, contribuant ainsi davantage à son déclin. À l’aube du 20e siècle, le dindon sauvage avait disparu de l’Ontario, et de 18 États américains sur les 39 constituant son aire de répartition originale, et la population restante demeurait très précaire, le nombre d’individus se chiffrant autour de 30 000 oiseaux pour tout les États-Unis.
L’habitat permettant à nouveau la multiplication du dindon sauvage, il incombait de trouver un moyen pour le rétablir au sein de cet environnement. La première solution envisagée fut de prélever certains individus sauvages ayant survécu à l’extinction, et de les relocaliser dans les endroits où l’on retrouvait autrefois le dindon sauvage. Ces individus pourraient alors se reproduire, pour former de nouvelles populations capables de prospérer et de prendre de l’expansion. Toutefois, certains problèmes reliés à la capture des individus sauvages allaient compliquer les démarches.
La première technique de capture envisagée fut l’installation d’un filet surplombant une tranchée, dans laquelle du maïs était éparpillé en guise d’appât. Lorsque des dindons sauvages se trouvaient sous le piège, on faisait tomber les perches supportant le filet, emprisonnant ainsi les oiseaux. Ce piège, quoique intéressant, n’eut pas les effets escomptés. En effet, cette technique ne permettait pas de capturer simultanément un grand nombre d’individus. Cette technique fut largement améliorée par l’apparition, quelques années plus tard, de filets propulsés par des canons, technique conçue à l’origine pour la capture de sauvagine. Cette méthode permet d’utiliser un filet de plus grande envergure, qui se déploie très rapidement, diminuant ainsi le nombre de dindons qui réussissent à s’enfuir. La vitesse de propulsion fut augmentée par la suite, grâce à l’utilisation de fusées comme projectiles. Cette innovation allait marquer les débuts réels de la relance du dindon sauvage.
Afin d’accroître la rapidité des réintroductions, plusieurs personnes et agences gouvernementales américaines ont adhéré à une idée qui paraissait prometteuse: produire en grande quantité de dindons sauvages d’élevage pour les relâcher ensuite dans la nature. Ces oiseaux, obtenus de l’éclosion d’œufs provenant d’un nid de dindon sauvage, sont couvés et menés à l’éclosion sous le contrôle humain, ou bien ils proviennent d’œufs de dindes sauvages élevées en captivité. Cette approche de propagation artificielle fut choisie comme alternative aux techniques complexes que représentaient la capture d’oiseaux sauvages.
Mais le résultat fut le contraire : l’utilisation des dindons sauvages d’élevage a provoqué un retard d’une vingtaine d’années dans le plan de rétablissement des populations. Cette situation s’explique par le fait que les oiseaux utilisés ne réussissaient pas à survivre dans la nature. La combinaison de plusieurs facteurs expliquent cet échec.
Une des causes majeures du faible succès des oiseaux d’élevage, est l’impossibilité pour les poussins d’apprendre d’une dinde sauvage les rudiments de la survie en milieu naturel. En effet, les femelles sauvages enseignent à leurs poussins comment réagir adéquatement face aux prédateurs et aux autres dangers, en plus de leur enseigner la recherche de nourriture, la géographie de leur domaine vital et les comportements sociaux à adopter, telles la vocalisation et la vie en troupeau. Quant à elles, les dindes élevées en captivité, n’ayant aucune connaissance de la vie à l’état sauvage, ne peuvent éduquer leurs rejetons en ce sens.
Un autre facteur identifié est la piètre qualité génétique de ces individus, en raison de plusieurs générations de consanguinité et de reproduction en captivité. La forte prévalence de maladies mortelles et de parasites chez les oiseaux d’élevage, due aux conditions de confinement, s’avère un autre facteur à considérer. D’ailleurs, à la suite d’investigations sur les risques de propagation de maladies d’individus d’élevage aux individus sauvages, des chercheurs ont conclu que le lâcher en nature de dindons sauvages d’élevage devait être abandonné, voire même, interdit.
Ainsi, en 2002, la population nord-américaine de dindon sauvage se chiffrait à environ 5,6 millions d’individus répartis au sein de 49 États américains (seul l’Alaska ne compte pas de dindons sauvages). Parmi ces États, dix ne faisaient pas partie de son aire de répartition pré-coloniale.
La présence du dindon sauvage au Québec :
L’histoire québécoise du dindon sauvage est relativement jeune, son établissement dans le sud de la province étant récent. En effet, les premières observations datent de 1976 et sa nidification en sol québécois ne fut confirmée qu’en 1984 (Yank & Aubry, 1985). De plus, il n’y a aucune preuve tangible de la présence du dindon sauvage dans le sud du Québec à l’époque pré-coloniale.
Les dindons qui sont observés chez nous au Québec aujourd’hui, proviennent de l’expansion des populations des États de New-York, du Vermont, du New-Hampshire et du Maine, ainsi que de la province de l’Ontario. En effet, à la suite du succès de la réintroduction du dindon sauvage dans ces régions, les populations de cet oiseau ont continué à croître en nombre, nécessitant alors une plus grande dispersion des individus. C’est pourquoi certains d’entre eux ont commencé à coloniser le sud-ouest du Québec, territoire propice, mais encore inoccupé. Puis ces dindons se sont reproduits et une population s’est peu à peu constituée.
Il n’est guère surprenant que le dindon sauvage se soit adapté aux conditions climatiques et environnementales du sud-ouest du Québec car, tel que mentionné précédemment pour l’ensemble de l’Amérique du Nord, l’aire de répartition actuelle du dindon sauvage couvre un territoire beaucoup plus important qu’autrefois. Ainsi, même si son aire de répartition originelle ne comprenait pas le sud du Québec, cela ne signifie pas que son établissement permanent ne peut pas être envisagé aujourd’hui.
Dans le sud de la Montérégie et de l’Estrie, les mentions d’observation sont de plus en plus nombreuses et laissent supposer qu’une population y est bien établie, et qu’elle est en pleine expansion. Afin d’étudier cette répartition et pour obtenir un indice de l’abondance relative du dindon sauvage dans ces régions, la Fédération québécoise des chasseurs et des pêcheurs a effectué, au cours de l’automne 2002, un sondage auprès des chasseurs de cerf de Virginie et de la population en général. Ce dernier avait pour objectif de dénombrer les observations de dindons sauvages par la population québécoise. Les résultats démontrent qu’il est maintenant présent dans plusieurs secteurs du sud du Québec. Cependant, son abondance demeure plus importante dans le sud-ouest de la Montérégie.
En Outaouais, les observations de dindons sauvages datent de seulement quelques années. Cette situation s’explique par le fait que le retour du dindon sauvage en Ontario est plus récent, et que sa population commence à peine à franchir la frontière séparant les deux provinces canadiennes. Dans le but d’accélérer son établissement en Outaouais, la Fédération (Outaouais) et les gens du milieu ont lancé un projet d’introduction. La première étape fut de réaliser, au cours de l’année 2001-2002, une étude de caractérisation de l’habitat du dindon sauvage, afin de voir si l’habitat du sud de l’Outaouais pouvait subvenir aux besoins du dindon sauvage. Les résultats de cette étude ont démontré que cette région offrait effectivement les conditions nécessaires à la survie et à la reproduction de l’espèce. Fait important à noter, cette étude a permis de constater que l’habitat propice au cerf de Virginie l’est également pour le dindon sauvage. Donc, dans les milieux où l’on retrouve le cerf de Virginie, il y a un fort potentiel pour l’implantation du dindon sauvage (Whissell, 2002).
Cette étude avait aussi pour but de déterminer les meilleurs secteurs pour effectuer les premiers lâchers de dindons sauvages.
Les premiers lâchers ont eu lieu au cours du mois de février 2003. Un total de 52 dindons sauvages provenant de l’Ontario ont été répartis en trois groupes, et implantés dans trois secteurs des municipalités de La-Pêche et de Val-des-Monts. D’autres lâchers d’oiseaux capturés en Ontario et/ou aux États-Unis, auront lieu au cours des prochaines années. Selon l’expérience ontarienne et américaine, les populations introduites devraient, après trois à cinq ans, avoir atteint une taille suffisante pour supporter une pression de chasse. À l’instar des États-Unis et de l’Ontario, un programme québécois de capture et de transfert devrait voir le jour, afin de peupler l’Estrie et éventuellement, le Centre du Québec (Bois-Francs) et la région de Chaudière-Appalaches.
Comme on a pu le constater en Ontario et aux États-Unis, l’établissement d’une population de dindon sauvage dans le sud-ouest du Québec aura de fortes répercussions économiques de ces régions par les activités de prélèvements alimentaires reliées à la faune.
Qu’il s’agisse d’activités avec prélèvement ou d’activités sans prélèvement telles que l’ornithologie et la photographie, un nombre toujours plus important de Québécois pratiquent des activités reliées à la faune. Les dépenses associées à la pratique de ces activités engendrent des retombées économiques importantes, sous forme de revenus et de maintien ou de création d’emplois. Afin de se pencher sur la question, la Société de la faune et des parcs du Québec a réalisé en 1999, une étude intitulée « Les activités reliées à la nature et à la faune au Québec – Profil des participants et impact économique ».
Elle a ainsi constaté qu’en 1999, un peu plus de 5 millions de Québécois ont participé à une ou plusieurs activités reliées à la nature. De ce nombre, 403 600 personnes pratiquent la chasse et y consacrent, en moyenne, deux semaines par année. Près de 11% des Québécois manifestent de l’intérêt pour la chasse, alors qu’en réalité, seulement 6,7 % la pratiquent.
Plus de la moitié de la population québécoise affirme son intérêt pour des activités à caractère faunique sans prélèvement, comme l’ornithologie, la photographie ou l’étude de la faune. Au total, les Québécois consacrent 3,2 milliards de dollars dans les différents loisirs reliés à la nature. De ce montant, les dépenses des chasseurs québécois représentent 298,2 millions de dollars, tandis que les adeptes de déplacements d’intérêt faunique sans prélèvement déboursent 293,4 millions de dollars.
Par conséquent, la venue du dindon sauvage est un atout indéniable pour favoriser davantage l’essor des activités reliées à la faune, qu’elles soient avec ou sans prélèvement.
Pour tout savoir sur le dindon sauvage au Québec allez voir ce lien :
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