Au cours du mois de février nous avons reçu plusieurs signalements observateurs d'oiseaux du sud du Québec rapportant des oiseaux présentant des lésions oculaires. La présentation clinique observée sur les photos fournis par les observateurs est hautement suggestive de mycoplasmose.
Nous avons reçu un roselin familier fortement affecté trouvé à Laval le 15 février. L'examen postmortem réalisé sur cet oiseau a permis de confirmer notre suspicion. En effet, des lésions histologiques caractéristiques de mycoplasmose, incluant une infiltration des muqueuses de la conjonctive et des voies aériennes par un grand nombre de cellules inflammatoires de type lymphoïde, ont été observées. De plus, Mycoplasma gallisepticum a été détecté à partir d'un écouvillon de la conjonctive par méthode moléculaire (PCR).
Ce diagnostic nous permet de confirmer la présence d'une épidémie de mycoplasmose chez les oiseaux fréquentant les mangeoires au sud du Québec. En date du 21 février, une douzaine d'épisodes ont été rapportés dans les régions de Montréal (incluant Laval, Deux-Montagnes et Longueuil), Drummondville, Québec (incluant Lévis) et Sherbrooke. Pour l'instant cette maladie aurait été observée chez quatre espèces de passereaux : le chardonneret jaune (7 épisodes), le roselin familier (5 épisodes), le cardinal rouge (2 épisodes) et plectrophane des neiges (1 épisode).
La mycoplasmose, connue en anglais sous le nom Mycoplasmal conjunctivitis ou house finch eye disease, est une maladie infectieuse bactérienne qui affecte les yeux et les voies respiratoires supérieures des oiseaux. Le roselin familier est de loin l'espèce la plus fréquemment affectée par cette condition. Cette infection a aussi été documentée chez d’autres passereaux, tels que le chardonneret jaune, le roselin pourpré, le gros-bec errant et le durbec des sapins.
Cette maladie aviaire atteint principalement les oiseaux à l’est du continent nord-américain. Elle est surtout observée autour des mangeoires. Le premier épisode de mycoplasmose aviaire chez les roselins familiers a été décrit au cours de l’hiver 1994. Depuis, la maladie s’est répandue à l’ensemble des populations de roselins dans l’est de l’Amérique du Nord. Les populations de roselins familiers ont particulièrement souffert de cette maladie. Cependant, la fréquence de cette maladie semble avoir considérablement diminuée au cours des dernières années ce qui suggère un certain équilibre entre cette bactérie pathogène et les oiseaux sensibles.
Chez les passereaux, la mycoplasmose affecte principalement les yeux. On notera une enflure des paupières et de la rougeur des conjonctives associées à des sécrétions oculaires et des croûtes. Des éternuements et une respiration difficile peuvent aussi être observés. Dans les cas extrêmes, les croûtes et/ou l’enflure peuvent causer la fermeture complète de l’œil. Du fait de l’altération visuelle, ces oiseaux éprouvent de la difficulté à se nourrir. Ils sont souvent retrouvés au sol, à la recherche de graines près des mangeoires. Ainsi, la conjonctivite n’est pas directement mortelle mais la cécité est responsable d’inanition pouvant entraîner la mort; de plus, l’oiseau devient une proie facile pour les prédateurs.
Les mangeoires d'oiseaux constituent un site potentiel de transmission de cette maladie. Les précautions suivantes sont recommandées pour éviter la propagation de l'infection et aider à préserver la santé des oiseaux sauvages :
Au cours d'une éclosion connue de mycoplasmose, retirer temporairement les mangeoires d'oiseaux et les bains (pour une à deux semaines) afin de réduire l'agrégation des oiseaux.
Nettoyez vos mangeoires et bains d'oiseau régulièrement. Une solution d'eau de Javel à 5% (un volume d’eau de javel pour 19 volumes d’eau). Il faut ensuite les laisser sécher avant de les réintroduire à nouveau.
Il n'est habituellement pas recommandé de traiter les oiseaux sauvages infectés par cette condition, car l'utilisation d'antibiotiques pourrait entraîner le développement d'un état porteur de la bactérie ce qui pourrait entraîner une augmentation globale de la propagation de la maladie.
Bien que la bactérie Mycoplasma gallisepticum ne se transmette pas à l’homme, les oiseaux sauvages peuvent être affectés par d'autres maladies transmissibles aux humains et aux animaux de compagnie (par exemple, les bactéries Salmonella, Campylobacter et E. coli). Il est donc important de prendre des précautions suivantes lors du nettoyage des mangeoires :
Les brosses et l'équipement utilisés pour nettoyer les mangeoires d'oiseaux et les bains ne doivent pas être utilisés à d'autres fins. Gardez-les à l'extérieur et loin des zones de préparation des aliments.
Portez des gants en caoutchouc lors du nettoyage des mangeoires et lavez-vous soigneusement les mains et les avant-bras avec de l'eau et du savon, surtout avant de manger et de boire.
Évitez de manipuler les oiseaux malades ou morts directement à mains nues