J'ai pris connaissance de la prise de position de l'UQROP sur leur site Internet.Le Forum endosse entièrement la position de l'UQROP. Un Code d'honneur a été développé par la direction et affiché sur le Forum. Merci de lire ce qui suit !Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] La position de l’UQROP sur l’utilisation abusive
de souris appâts pour la photographie
L’utilisation de souris pour faire des images de Harfang des neiges, de Chouette lapone, de Chouette épervière ne date pas d’hier. Dans certains cas, la technique a eu du mérite. La fameuse affiche qui a « intronisé » le harfang comme emblème aviaire du Québec, au milieu des années 80, a fait connaître cette espèce au grand public. Les techniques utilisées pour réussir les images spectaculaires de documentaires de la National Geographic Society, de la BBC et même du film « Le peuple migrateur » ne reçoivent pas toujours l’absolution des amants de la nature. Par contre, des millions de gens viennent alors en contact avec la vie fascinante des animaux. Les gens sont alors plus en mesure de vouloir protéger toute la beauté de la nature et de poser des gestes en faveur de l’environnement.
Là où le bât blesse, c’est dans l’abus de cette technique pour attirer les Harfangs des neiges. La fréquence et l’utilisation massive de ce moyen peuvent mener à un dérapage. L’observation en nature d’êtres vivants exceptionnels est un privilège et non un droit.
À l'heure actuelle, il circule sur Internet des offres de forfaits pour aller « capturer » des images inoubliables de harfangs. Cette activité devient lucrative pour certains (jusqu'à 2 800 $ pour le safari photo!). Elle peut toutefois apporter son lot de conséquences négatives pour la faune ailée.
Qu'est-ce que cela implique?
Avant même de parler d’utilisation de souris vivantes comme appâts, le harcèlement d’un oiseau pour la photographie peut lui faire dépenser inutilement de l’énergie pour s’éloigner. En période d’hivernage, le harfang a l’habitude de se percher longtemps au même endroit et à des moments précis de la journée. Le pourchasser, pour obtenir le meilleur cliché, dérange ce comportement. Par ailleurs, il ne faut pas négliger le non-respect de la propriété privée par les chasseurs d’images comme par les ornithologues.
L’utilisation de souris vivantes pour se rapprocher des harfangs n’est pas sans conséquence. Voyons quelques-unes des implications possibles.
La source de souris pourrait représenter un danger. Les poisons à rongeurs sont beaucoup plus fréquemment utilisés qu’on ne le croit. Les souris capturées vivantes dans une grange ou même un lieu habité pourraient être contaminées par des rodenticides. La présence de ces produits dans les tissus d’oiseaux de proie a été documentée. Heureusement, les souris sont en général achetées en animaleries. Une animalerie près d’un site d’observation de harfangs nous a confirmé vendre des souris à la douzaine pour des fins de photographies de harfangs. On pourrait aussi se demander si l’utilisation en grand nombre de ces souris « domestiques » représente un risque d’introduction d’espèces non indigènes en milieu naturel.
L’alimentation à volonté et incontrôlée des harfangs pourrait mener à un surpoids de l’oiseau. J’entends d’ici les rires, mais nous avons déjà admis en réhabilitation une femelle harfang de 3,2 kg. Elle avait été capturée sur une île dans le Saint-Laurent. Probablement une île sans prédateurs et où les souris étaient en surabondance. Toujours est-il que cette femelle ne pouvait plus voler! Tous nos examens indiquaient que l’oiseau était pourtant en santé. Elle a subi une cure d’amaigrissement en volière. Nous avons pu constater l’amélioration de son vol. Finalement, ce harfang a pu être remis en liberté, lorsque son poids est revenu à la normale, soit vers 2,2 kg.
L’habituation à la nourriture risquent de se produire. Résultat, le harfang peut perdre le réflexe de crainte des humains, déjà pas très développé chez les jeunes harfangs qui n’ont jamais croisé la « bête à deux pattes ». Sur Internet et dans certaines conversations, on véhicule que le harfang en vient à s’approcher de la première voiture qui se présente. Il s’attend alors à voir une personne en sortir pour lui faire cadeau d’une souris bien dodue. Ce comportement vulnérabilise le harfang à se faire heurter par une autre voiture (cause très fréquente d’admission pour cette espèce dans le réseau de réhabilitation de l’UQROP) ou à s’approcher d’un humain moins bien intentionné. Plus de 35 Harfangs des neiges admis à l’UQROP depuis 20 ans ont été tirés au fusil, sans compter ceux non déclarés.
Qu’est-ce qu’on peut y faire?
À notre connaissance, il n’existe pas vraiment de réglementation qui peut intervenir dans cette activité. L’utilisation d’appât vivant pour la pêche est déjà illégale ou réglementée dans certaines régions du Québec et sous certaines conditions. Il existe présentement le projet de loi 52 qui vise certaines modifications de la loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune. Peut-être une piste pour définir des balises sur le genre d’activité.
La meilleure avenue est probablement la sensibilisation des ornithologues et des photographes (amateurs ou professionnels). Une réflexion s’impose aux photographes à modifier leurs comportements. Les photos obtenues peuvent être spectaculaires, mais tout le mérite d’une chasse à l’image respectueuse n’est-il pas disparu? Un code d’honneur ou un code d’éthique du parfait photographe devrait être encouragé. Un tel code favoriserait la cohabitation entre le photographe, l’ornithologue et l’animal.
Pour toutes les raisons mentionnées ci-haut, nous invitons les photographes et les ornithologues à ne pas utiliser d’appâts vivants à des fins personnelles pour attirer des oiseaux de proie. Nous commençons une liste de gens ou d’organismes qui supportent cette position. Si vous voulez être ajoutés sur cette liste, communiquez avec nous.
Merci de votre attention, chers membres, et bon hiver!